, Suisse a un secteur exportateur très puissant). Naturellement, les opposants à l'Europe refusent d'être considérés comme des passéistes qui rejetteraient toute évolution et ils font valoir qu'il vaut mieux rester

. Suisse, plutôt que d'abdiquer une fois pour toutes sa souveraineté et perdre ainsi toute latitude sur des sujets qui, à l'avenir

, Même si, depuis le référendum de 1992, l'opinion publique a évolué plutôt favorablement vis-à-vis de l'Union européenne, toute menace sur les droits populaires serait le plus sûr moyen de la faire basculer dans l'autre sens

. Enfin, UE, mais il ne concerne pas les fondements de la Confédération même s'il s'agit d'un problème très important au pays des banques et de la gestion des fortunes privées : une adhésion à l'UE coûterait cher à la Suisse. Il est clair qu'elle serait un des pays les plus riches, surtout dans la perspective d'une adhésion après les pays d'Europe centrale, et qu'elle serait un contributeur net de l'Union. Tout au plus pourrait-elle espérer toucher des subsides au titre de la politique agricole commune (sachant que parallèlement elle devrait démanteler ses propres subventions, l'agriculture suisse étant la plus aidée d'Europe14)

, Quoique l'Action pour une suisse indépendante et neutre (ASIN) du conseiller national (UDC) Christoph Biocher, fer de lance des anti-européens, essaie de faire valoir que la situation du pays est bonne, les chiffres sont difficilement niables : la croissance est étale, le chômage augmente (au Tessin, il est même supérieur à celui de la Lombardie voisine, alors qu'il est proche des chiffres des États fédérés de Bavière, de Vorarlberg ou du Tyrol), les exportations augmentent certes, mais moins celles des pays concurrents

, Europe considèrent qu'il vaut mieux être membre de l'UE, où l'on peut participer à l'élaboration des décisions, que de devoir en subir les conséquences sans avoir aucune influence. C'est l'argument le plus classique de tout abandon de souveraineté au profit de l'UE, on l'a entendu de nombreuses fois en France et en particulier à propos de la Banque centrale européenne : avant, la Banque de France devait se contenter de suivre les mouvements de la Bundesbank

, La Suisse menacée par l'Europe codécision à Bruxelles, alors que la Suisse, qui a les mêmes problèmes avec le Gothard et le

, Il est vrai que la Confédération pourrait se faire entendre à Bruxelles bien mieux que maintenant, puisqu'elle part de l'inexistence totale. Il n'est toutefois pas évident de savoir quelle pourrait être l'influence réelle de la Suisse au Conseil des ministres, puisqu'elle ne représente après tout que sept millions d'habitants contre 370 pour l'ensemble de l'UE, et on peut d'autant plus se poser la question que le fonctionnement du gouvernement suisse, Simplon, peut continuer à interdire à certains camions de passer et à obliger les transporteurs à utiliser le ferroutage

, Ce n'est pas un hasard si les territoires romands ont voté à une très large majorité pour l'Europe : cela représente pour eux une ouverture, et ils en ont d'autant moins peur qu'ils sont habitués à être minoritaires dans leur pays, ce qui n'est pas le cas des Alémaniques. Pourtant, il ne fait guère de doute non plus que les Romands ont voté oui à l'Europe pour des raisons sans doute un peu « romantiques » (c'est comme ça qu'ils seraient vus, à en croire les sondages, par leurs compatriotes germanophones), Enfin, dans les espoirs que soulève l'Europe, il y a celui pour les Romands de diminuer leur dépendance vis-à-vis des Alémaniques, et en premier lieu de Zurich

, Les plus chauds partisans de l'UE considèrent d'ailleurs que leur score diminuerait fortement s'il existait un homme de la trempe de M. Biocher en Suisse romande, de même qu'ils regrettent de ne pas avoir un Biocher pro-européen. À l'ASIN, on considère être injustement boycotté par les médias romands, mais ou espère que peu à peu, les gens connaîtront mieux ce mouvement et qu'il gagnera des adhérents et des sympathisants. L'ouverture d'un site internet devrait permettre de mieux diffuser encore les idées de l'ASIN (qui dispose en outre des moyens considérables issus de la fortune de M. Biocher), et les prochaines votations devraient donner une indication sur la progression des sentiments pro, Sans doute aussi la personnalité du chef des anti-européens, Christoph Biocher, a-t-elle contribué à affaiblir son camp en Suisse romande tant cet homme y représente un épouvantail

, Peut-être est-ce parce que l'échec semblait, au début de l'aventure, inattendu : tout le monde était pour l'entrée dans l'EEE, au moins officiellement, que ce soit le gouvernement (qui avait négocié), le Parlement (qui avait approuvé) ou les milieux économiques. C'est pourtant le même pays qui avait refusé d'entrer dans l'ONU six ans plus tôt, La coupure de la votation de 1992 -Actuellement, plus de cinq ans après le référendum du 6 décembre 1992, la politique européenne du gouvernement reste floue

L. , En déposant en juin 92 la candidature de la Confédération à la CEE, le gouvernement a fait preuve d'une infinie maladresse, incitant les gens à croire (avec quelque raison) que l'EEE n'était qu'une étape avant une adhésion à la CEE. Quand on a senti que l'accord du peuple serait plus compliqué à obtenir que prévu, le Conseil fédéral n'avait plus aucune crédibilité à essayer d'expliquer que l'EEE était une fin en soi et qu'un vote positif ne préjugeait en rien de la décision d'entrer dans la CEE

, 3 % de non) mais de beaucoup devant les cantons (7 contre 16), révélant une fracture entre les Romands, qui ont massivement approuvé le projet à plus de 75 %, et les autres (pour une fois, les Tessinois n'ont pas suivi leurs compatriotes latins mais se sont retrouvés du côté des Alémaniques). On a expliqué ce clivage de différentes façons. D'une part, les Romands n'auraient jamais ressenti de coupure culturelle avec la France et n'en auraient pas peur, vol.50

. Le-catholicisme and . Le-protestantisme, En outre, la Suisse sera bientôt, au rythme où vont les choses, la seule fédération multinationale qui subsiste : l'Union soviétique, la Tchécoslovaquie et la Yougoslavie n'ont pas résisté à l'effondrement du communisme, et les velléités de sécession sont récurrentes en Belgique et au Canada. Vient ensuite la survie des cantons suisses, qui demeurent des réalités bien vivantes 150 ans après l'apparition de l'État fédéral, alors que l'Europe essaie de faire coexister quinze pays, peut-être vingt-six demain. Quand on considère le fonctionnement de l'Union européenne, on est frappé également par certaines caractéristiques communes : combien de fois n'a-t-on pas fustigé en France la complexité des accords

. Le-premier-d'entre-eux, on a tendance à se référer plutôt aux États-Unis, comme l'appellation des États-Unis d'Europe, utilisée aux débuts de la construction européenne, le prouve ; pourtant la naissance et le développement des États-Unis, issus essentiellement de l'immigration, n'ont rien en commun avec le processus d'unification de nations déjà constituées. Un corollaire de la taille est la diversité considérable des cultures que l'on trouve au sein de l'Union européenne ; intuitivement, on conçoit que onze langues officielles sont beaucoup plus difficiles à gérer que trois et demi (le romanche n'étant langue officielle que pour les rapports entre la Confédération et les citoyens de langue romanche), même s'il est possible de regrouper les idiomes européens pour faciliter la comparaison

, Cette classification pourrait servir de base à la politique linguistique de l'UE (à quinze) : il faudrait connaître une langue latine, une langue germanique et l'anglais -le grec et le finnois jouant le rôle du romanche (bien qu'ils soient parlés par 2,7 % et 1,3 % de la population contre 1 % pour le romanche) -, ce qui correspondrait finalement à ce que font les Suisses aujourd'hui : allemand, français, anglais pour la plupart. fédéralisme, pour protéger la souveraineté des États, et le centralisme, pour que TUE soit forte sur la scène internationale. Au contraire, la construction de la Suisse n'est pas impériale, en tout cas depuis la défaite de Marignan en 1515 où les Confédérés ne sont plus intervenus dans les affaires européennes (même si, Enfin, l'intégration européenne concerne en partie des pays qui ont été de grandes puissances continentales ou mondiales et dont il faut ménager les susceptibilités : il y a dans la 16

, Parmi les éléments qui constituent le consensus suisse, certains sont propres à la

, Le référendum est devenu complètement constitutif de l'identité suisse, le perdre au nom de l'intégration européenne est d'ailleurs la plus grande crainte des Confédérés. En revanche, on imagine mal pouvoir l'introduire dans le reste de l'Europe. Le problème de la taille vient certes à l'esprit, mais il n'est sans doute pas insurmontable : les coûts d'organisation d'un référendum sont vraisemblablement proportionnels à la population concernée, et ce ne serait donc qu'un changement d'échelle (ce qui nécessiterait donc d'élever le seuil des 50, Confédération et pourraient difficilement s'acclimater ailleurs. Le plus évident est sans aucun doute le référendum. On a vu qu'il existait ailleurs, mais jamais avec la fréquence que l'on connaît en Suisse : rien qu'au niveau fédéral

, Comme on l'a souligné, cela tient à un autre élément original du système suisse : la faible personnification du pouvoir. La Confédération est le seul pays du continent à ne pas avoir de premier ministre ou d'équivalent. Un tel système est complètement impensable ailleurs, et les En revanche, la Suisse donne des indications précieuses dans tout ce qui concerne le fédéralisme, ce qui est essentiel car l'articulation entre les compétences de Bruxelles et celles des Etats constitue le point le plus délicat de la politique européenne. La subsidiarité ne doit pas être un mot creux, mais une réalité : il faut empêcher les empiétements sur les domaines de l'autre. Cela ne résout pas le problème de savoir ce qui doit être traité au niveau fédéral et ce qui doit être traité au niveau fédéré, mais cette répartition peut évoluer considérablement au cours des années, comme le montrent les exemples suisses et européens. Le problème est moins la définition des domaines que le respect des délimitations. De ce point de vue, les institutions européennes manquent un peu de cohérence car ce sont les gouvernements des États qui, Les difficultés sont bien plus d'ordre culturel. Indépendamment des pays qui refusent d'y recourir, au moins pour l'instant, comme l'Allemagne, on voit bien les risques de dérapage que peut offrir le référendum, en transformant les scrutins en question permanente de confiance au pouvoir en place

, Europe doit prendre une direction fédérale un jour, cette construction disparaîtra d'une façon ou d'une autre, soit que le Conseil soit supprimé et remplacé par une chambre des États à la suisse, soit qu'il subsiste sous la forme du Bundesrat allemand (où les députés sont nommés par les gouvernements des États fédérés, chaque État votant en bloc), ce qui n'empêche pas le gouvernement fédéral de faire la politique qu'il entend dans bien des domaines

, est bien la culture, l'éducation et les langues : malgré une application stricte de ce principe, le sujet reste relativement sensible en Suisse, et c'est essentiellement autour de la question linguistique que se cristallisent les conflits en Belgique et au Canada. C'est d'ailleurs une compétence traditionnelle des États fédérés, y compris en Allemagne ou aux États-Unis, et le risque est donc très faible que l'Union européenne réclame une telle compétence. Tout au plus pourra-t-elle jouer un rôle dans l'harmonisation des diplômes, mais c'est un vaste chantier qui n'a pas toujours été mené à bien dans les États membres

, Parmi les éléments de comparaison que nous offre la Suisse, le fédéralisme d'exécution est sans doute un des plus séduisants. Il veut dire qu'on limite la bureaucratie bruxelloise en ne lui donnant que des fonctions de direction et d'impulsion

, de restructurer la fonction publique en Europe, mais aussi de la souplesse puisqu'elle laisse les appareils des États membres trouver les meilleurs moyens pour atteindre un résultat. En outre, cela correspond au fonctionnement actuel de Bruxelles : en somme, il ne faudrait rien changer dans ce domaine, et il faut surtout être conscient qu'on n'a pas besoin d'une technostructure lourde pour faire tourner l'État (sachant que partout, les contingents de fonctionnaires les plus importants sont les enseignants

, C'est en particulier le cas de la fiscalité comme l'a montré l'échec en 1997 de la réforme fiscale proposée par le

, Un autre élément intéressant est sans doute la péréquation financière suisse, d'autant que le gouvernement cherche à la réformer : le budget européen est consacré essentiellement à des fonds structurel les plus divers, mais dont la finalité est le plus souvent une aide des pays défavorisés par les pays favorisés (cela ne recoupe pas forcément exactement la notion de pays pauvres et riches, puisque, dans un louable but de consensus, on a aussi des fonds pour les zones à faible densité d'habitation qui permettent à la Finlande et à la Suède de bénéficier de l'aide de Bruxelles), ce qui n'est rien d'autre qu'une tentative de péréquation des ressources. Le sujet mérite certainement une étude approfondie

. L'expérience-suisse-est-Également-riche-d'enseignements-parce-qu'elle-montre-que-le and . Inévitables, On s'en rend déjà compte avec l'UE actuelle, où on passe beaucoup de temps à mettre tout le monde d'accord, et où les textes produits par Bruxelles sont souvent aussi compliqués que ceux de la péréquation financière suisse. Cela ne veut pas dire qu'il ne faut pas chercher à accélérer les choses et à les simplifier -si on n'essaie pas, cela risque d'empirer -, mais il faut admettre que le résultat final demandera un temps incompressible jugé trop long et que le compromis forgé, parce qu'il devra satisfaire tout le monde

, Le principal à retenir est avant tout l'état d'esprit dans lequel la Suisse fonctionne. Le consensus n'est pas un vain mot, et il n'est pas seulement un choix de mode de fonctionnement, c'est aussi une nécessité pour faire fonctionner une fédération aussi disparate que la Suisse

. Parallèlement, On n'adopte pas un système parce qu'il est conforme à la raison, mais parce qu'il marche18, et il faudra se faire à l'idée que l'UE fonctionne sur des bases parfois baroques. On commence d'ailleurs à le voir avec l'apparition de la notion d'Europe à géométrie variable, qui a trouvé ses premières applications concrètes dans la politique sociale (avec la Grande-Bretagne qui est restée jusqu'en 1997 en dehors de la Charte sociale européenne) et surtout l'euro, qui n'a été adopté que par onze pays sur quinze (le conseil de l'Euro, ou Euro 11, est une institution qui n'est pas prévue par le traité de Maastricht). Enfin, le respect de l'autonomie cantonale est profondément ancré dans la mentalité suisse, constate un grand pragmatisme dans la façon dont les Confédérés abordent et résolvent leurs problèmes (l'histoire institutionnelle du pays montre bien que l'on a eu recours aux formes les plus variées de relations entre les entités, elles-mêmes très diverses : cantons, pays sujets, pays alliés, bailliages communs

, Europe intercantonales que dans les rapports avec la Confédération : cet état d'esprit est sans doute essentiel en Europe, où l'on voit bien que les « petits pays » ont peur d'un directoire des « grands

, Il reste que le projet européen n'est pas défini, et que cela risque de poser problème un jour

, et une option que l'on peut qualifier de « suisse », très mal vue en France, qui consiste à assurer la prospérité du pays sans chercher à en faire une puissance mondiale. Les tenants de la seconde thèse sont sans doute majoritaires, et c'est de toute façon ce sur quoi il est le plus facile de s'entendre, c'est en quelque sorte le plus petit dénominateur commun. Il ne faut pas oublier que l'expansion suisse a été limitée entre autres parce que tous les cantons n'avaient pas les mêmes intérêts de conquête, Pour l'instant, deux grandes orientations coexistent : une construction impériale, où l'on cherche à bâtir un pays capable de rivaliser avec les plus grands États de la planète

, est pas étonnant que la résultante de l'ensemble soit l'immobilisme ou quelque chose qui s'en rapproche. La Suisse permet peut-être de clarifier le débat européen en France en montrant que l'alternative n'est pas entre une petite France actuelle et une grande Europe que l'on aurait réussi par miracle à façonner à l'image de l'Hexagone, mais peut-être plutôt entre la petite France et une grande Europe qui ne pourra que ressembler, par ses actes si ce n'est par ses institutions, p.93

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