Le risque inondation sur les installations nucléaires : Doctrine spécifique ou doctrine communautaire ?
Résumé
En France, la prévention et la protection vis-à-vis du risque d’inondation sur une installation nucléaire propose une prise en compte d’aléas « extrêmes », plus importants que les aléas retenus par des instruments d’action publique comme les PPRI (Plan de Prévention du Risque Inondation). Néanmoins, des concepts comme les crues de références, les scénarios, les évènements extrêmes, mais également certaines techniques statistiques ou cartographiques spécifiques sont développés et partagées par une communauté formée par des hydrologues, des ingénieurs et des experts. L’ensemble de ces concepts et techniques forment des éléments d’une doctrine autour de la prise en compte du risque inondation.
Nous pouvons alors nous demander si la prise en compte du risque inondation sur les installations nucléaires constitue une exception doctrinale ?
Partant du postulat qu’une communauté de pratique produit un répertoire partagé de ressources communes (Wenger, 1991,1998), permettant l’apprentissage (Amin et Cohendet, 2004), nous analyserons les modalités de partage des savoirs, des modèles et des concepts autour du risque d’inondation. Nous mettrons alors en évidence que l’existence de transferts doctrinaux entre l’inondation vue par les experts de la sûreté nucléaire et le reste de la communauté scientifique et technique (comprenant des experts et des scientifiques) est autant liée à des enjeux techniques qu’à des enjeux de légitimé institutionnelle.
Pour répondre à cette problématique, nous étudierons la conception collective d’un instrument de régulation spécifique à la sûreté nucléaire dit guide « inondations », qui a impliqué la collaboration d’une partie de la communauté des experts et scientifiques de l’inondation.