, La propriété n'est qu'une compétence de principe ; elle appelle, pour fonctionner, remplir pleinement son rôle, la possibilité que soient adoptées des règles qui vont venir internaliser les externalités négatives, corriger les inégalités et taxer les richesses pour fournir les services publics ou les infrastructures nécessaires

, Et nous assistons, pour beaucoup avec un sentiment d'impuissance, à une érosion des services publics, à une baisse de qualité des infrastructures, à une montée des externalités négatives -voyons le réchauffement climatique que l

, Il ne faut pas refuser l'obstacle et, là aussi, continuer à jouer à un jeu avec ses anciennes règles alors qu'elles ont changé. Notre problème, depuis toujours, c'est le pouvoir et sa domestication. Nous avons réussi à domestiquer le pouvoir d'État, à le soumettre à des règles, à vivre en État de droit. Il nous faut maintenant oeuvrer à faire que les entreprises deviennent des entreprises de droit, que les pouvoirs qui sont les leurs soient reconnus et donc soient soumis à des règles, Il nous faut inventer un cadre institutionnel qui accompagne la globalisation. Nous avons besoin des États, mais il ne faut pas trop compter sur eux

, Je crois à l'efficacité de « micro-dispositifs » bien placés dans notre Système de Pouvoirs, et j'en ai expliqué quelques-uns. J'ai aussi beaucoup travaillé à la formulation de ce que l'on appelle un peu improprement « l'objet social de l'entreprise » qui verra le jour dans la loi PACTE. Mais au-delà, et de façon urgente, il nous faut enrichir notre comptabilité des organisations productives. Aujourd'hui, tout est mesuré à partir d'une norme de préservation du capital financier. Il augmente, on a fait des gains ; il diminue, on a fait des pertes. Mais on ne prend pas en compte les autres formes de capital que l'activité productive met en jeu, tel le capital environnemental, et singulièrement notre capital de CO2 restant à émettre. Face à l'urgence climatique, il faudrait que dans toute comptabilité organisationnelle figure en face de l'émission de CO2 à émettre le coût de remplacement de ce capital consommé. Il ne s'agit pas de créer un prix artificiel : les dispositifs inventés ne fonctionnent (logiquement) pas. Mais on peut très bien mettre en face d'une consommation de capacité de CO2 le coût d'un puit de carbone équivalent

, Nous ne vivons pas un accident de l'histoire. Nous vivons la continuité d'un système de pouvoirs qui a muté, s'est métamorphosé, mais dans lequel il y a des invariants. Ces invariants, ce sont que les individus ont des droits et que nulle organisation, qu'elle soit publique ou privée